Jérome a effectué deux stages de méditations de 10 jours chacun.
Voici le récit du premier, fait au Népal en janvier 2016
L’année a commencé chez le barbier. Je pensais qu’il fallait mettre toutes les chances de mon côté pour que ce stage de méditation Vipassana se déroule bien et que ça passait par un bon rasage et massage du crâne, histoire d’arriver bien détendu. Depuis mon arrivée en Inde il y a deux mois j’ai entendu pleins d’histoires sur ce stage de Vipassana, comme quoi c’était dur physiquement, que c’était une épreuve d’endurance. Mais également que l’on en sortait transformé. J’étais un peu sceptique mais curieux de voir comment j’allais prendre tout ça…
Donc vers midi je me présente sur les lieux du stage, à l’intérieur de ce grand complexe de temples bouddhistes qui entoure le lieu de naissance du Bouddha sur Lumbini. Un endroit très sympa. Des monastères de tous les pays disséminés dans un grand parc recouvert de forêts et de marais.
Je suis un des premiers à me présenter. On me donne d’abord plusieurs documents à remplir. La section sur mes antécédents médicaux et mentaux m’intrigue un peu (je vais rester assis pendant 10 jours, pas faire du saut à l’élastique). Il me faut ensuite signer un document attestant en gros que je sais à quoi je m’engage et que je respecterai scrupuleusement les 5 préceptes durant toute la période du stage : Je ne tuerai pas d’êtres vivants (interdiction d’éclater les moustiques), je ne volerai pas, je n’aurai pas d’activité sexuelle, je ne proférerai pas de mensonge et je ne prendrai pas de produits toxiques (alcool, cigarette, drogue, etc…). Ces 5 préceptes, le « Sila » ou préceptes de « vie vertueuse », sont les fondations de ce qui va suivre. En fait, vu les conditions monacales dans lesquelles nous allons rester, il sera très facile de les suivre. C’est maintenant, une fois dehors, que ça devient fun !
Une fois ces documents remplis, le manager du centre (ce n’est pas un monastère) nous fait un premier briefing sur la détermination qu’il va falloir montrer, sur le fait qu’une fois les portes fermées, il serait impossible de sortir avant 11 jours (on dépose nos objets de valeurs à la réception et ne sommes donc pas complètement libres de partir – même si je suis sûr qu’en insistant un peu on peut arrêter à tout moment). On m’a ensuite attribué une chambre et remis draps et couverture. Chambre basique avec deux « couchettes » en ciment recouverte d’un petit matelas et une salle de bain attenante. Simple mais globalement semblable aux chambres d’hôtel dans lesquelles je m’arrête habituellement. Le deuxième lit ne sera pas attribué et j’aurai finalement la chambre pour moi tout seul. Ce qui était bien agréable.
J’ai ensuite remis à la réception mon téléphone, ordinateur, appareil photo, livres, et tout objet pouvant procurer une « échappatoire », une diversion. Complétement à poil. Je n’arrive pas me souvenir de la dernière fois où je suis resté loin d’internet pendant plus d’une semaine. Il y a certainement plus de quinze ans…
Les autres stagiaires arrivent peu à peu. Il y aura environ 70% d’occidentaux. Des jeunes en voyage ou en vacance « méditative » au Népal. Je serai le plus vieux. Beaucoup de népalais plus âgés en revanche. Nous profitons de ces quelques heures pour discuter avant que le « Noble Silence » ne commence… Ces quelques heures me rappellent un peu les derniers instants précédents la rentrée des classes. Une légère angoisse et un peu de stress…
Vers 18h nous sommes tous réunis afin de se voir expliquer à nouveau le règlement intérieur. Respect des 5 préceptes du Sila, respect des zones « autorisées » (il n’y a pas de mixité : le seul endroit où hommes et femmes se retrouvent ensemble est la salle de méditation, et encore chacun reste d’un côté de la salle), respect du « Noble Silence » (silence de parole, silence du corps – tu ne dois pas chercher à regarder les autres dans les yeux ou établir un « contact visuel » avec eux, et silence de l’esprit), respect des horaires. Un emplacement de méditation nous sera attribué ainsi qu’un emplacement dans le réfectoire. Interdiction de changer de place. Je serai le C4.
Cette discipline stricte, ainsi que la gratuité de l’enseignement, de l’hébergement et de la nourriture (les centres fonctionnent sur les donations), mettent les stagiaires en situation « monacale », en vivant comme un moine de la générosité des autres. Cela permettrait une dilution de l’égo qui est indispensable à une bonne méditation…
Nous faisons enfin notre entrée dans la salle de méditation (le Dhamma Hall). Des coussins de méditation sont posés au sol. Chacun trouve sa place et l’instructeur arrive enfin. Enveloppé dans un drap blanc il prend place sur l’estrade, en position du lotus, très classe. Le stage va commencer par le visionnage d’une vidéo de S. N. Goenka, le « Guru » fondateur de cette école de méditation Vipassana. Après ceci les choses sérieuses commencent et le « Noble Silence » aussi.
Cette vidéo nous présente les origines et les principes généraux de la technique. Il faut d’entrée se familiariser avec certaines notions du bouddhisme, qui nous sont complétement étrangères à nous autres occidentaux. Goenka introduit d’abord la notion d’impermanence. Tout est impermanent dans la nature. Rien ne reste, tout passe, va et vient. Comme la flamme d’une bougie qui s’allume et s’éteint sans cesse. De la même façon notre séjour dans ce monde est temporaire. Chaque instant depuis notre naissance nous rapproche de notre mort. Et l’objet de la méditation Vipassana est de nous aider à bien mourir. Car notre esprit à l’instant de notre mort, sera notre esprit au moment de notre renaissance (réincarnation oblige). Il faut donc savoir mourir avec le sourire, et pour ceci, il faut savoir vivre avec le sourire…
Tout ceci est encore bien confus mais en gros ce que j’ai pu retenir c’est que pour vivre heureux il fallait suivre le « Noble Chemin », le chemin du Dhamma, la loi universelle de la Nature. Le bonheur est en nous, tout comme nos souffrances. Ce ne sont pas les conditions extérieures, les autres, qui font que nous sommes heureux ou malheureux. Chacun a les clefs de son propre bonheur. Nous sommes les maîtres de notre vie et de ce qu’on en fait. Ce stage de méditation Vipassana serait un premier pas sur ce chemin du Dhamma, de la libération de nos souffrances…
Ce chemin se décompose en 3 parties : le Sila (les 5 préceptes de moralité), le Samadhi (le contrôle de son esprit) et le Panna (la sagesse). Le Sila étant les fondations qui permettent le Samadhi qui mène ensuite au Panne par la pratique de la méditation Vipassana et la compréhension du côté impermanent de la nature.
Les 4 premiers jours du stage seront consacrés au Samadhi, le contrôle de l’esprit, par l’observation de sa respiration, de son souffle. Les 6 jours restant seront consacrés à la pratique du Vipassana proprement dit.
Il faut maintenant comprendre la notion de Sankhara. Chaque action, physique, verbale ou mentale, génère son lot de Sankharas, bons ou mauvais en fonction des conséquences de ces actions. On se trimballe tous un paquet de sankharas (ou casseroles) liés à nos actions passées et même aux actions de nos vies passées (…). Le but est donc tout d’abord d’arrêter de générer des sankharas et ensuite d’éliminer tous ces sankharas accumulés, qui sont enfouis dans les couches profondes de notre conscience. L’élimination de ces sankharas permet de se sentir plus léger et de vivre en harmonie avec son environnement.
Il y a deux types de sankharas qui génèrent de la souffrance. Les sankharas de manque et les sankharas d’aversion. Les sankharas de manque sont liés à l’envie d’éprouver des sensations agréables : une tartine de nutella, une descente de 20 kms en vélo, une jolie blonde en bikini. Processus sans fin car ses sensations une fois éprouvées génèrent un nouveau manque. Le processus de multiplication du manque est alors en route. Les sankharas d’aversion se manifestent lors de sensations désagréables : le froid piquant de l’hiver, le sentiment d’oppression parfois sur les routes quand il y a trop de monde, l’angoisse parfois de se faire michetonner. Ces sensations désagréables génèrent rejet, haine, peur. Sentiments qui eux-mêmes génèrent des sensations désagréables. A nouveau le processus de multiplication. Chaque sensation, de manque ou d’aversion, génère tout d’abord des sensations, agréables ou désagréables, au niveau du corps.
Tout le principe de la méditation Vipassana est donc de changer les habitudes de notre esprit de telle façon qu’il ne réagisse plus aux sensations, agréables ou désagréables, et ne génère ainsi plus de sankharas, stoppant le processus de multiplication. La seule façon d’y parvenir est de l’expérimenter au niveau physique, de notre corps. L’intellectualiser ne permettrait pas de changer ses habitudes, il faut l’expérimentation, la pratique.
La méditation Vipassana consiste donc à parcourir son corps, de la tête aux pieds et des pieds à la tête, partie par partie, en observant ses sensations, bonnes ou mauvaises, agréables ou désagréables. Juste en les observant et en restant équanime, sans manifester de réaction. Les deux pilliers de cette technique de méditation sont donc : prise de conscience de ses sensations éprouvées sur notre corps et équanimité (absence de réactions). De cette façon on travaille sur notre esprit pour lui apprendre à ne plus réagir aux sensations, et par là-même à ne plus créer de nouveaux sankharas de manque ou d’aversion.
L’absence de réaction par rapport à ses sensations ne peut se faire qu’avec la compréhension du côté impermanent de la nature. Rien ne reste, tout change, tout ne fait que passer. Pourquoi alors réagir à une sensation qui aura disparu dans quelques instants ? Une sensation agréable sera suivie par une sensation désagréable. De la même façon, après chaque montée, une descente… L’application de cette technique permet de se libérer de l’influence d’éléments extérieurs sur notre moral, d’éviter que les passages difficiles de la vie n’affecte notre paix intérieure. Equanimité…
Et la nature est ainsi faite que lorsque de nouveaux sankharas de manque ou d’aversion ne sont plus générés, les anciens sankharas vont alors remonter à la surface de notre esprit, car il faut que notre esprit ait en permanence à « s’occuper », ait du grain à moudre. Il faut alors rester également équanime par rapport à ses nouveaux sankharas qui remontent et de cette façon ils seront éradiqués et notre stock de sankharas enfouis dans les couches profondes de notre conscience diminuera peu à peu… On se sentira alors plus léger, plus heureux. Voilà la théorie, comme j’ai pu la comprendre du moins…
Maintenant le déroulement du stage…
Jour 01 : 04h du matin. Le gong résonne. Dans 30 mn il faut être en salle de méditation. Il doit faire 05°C au petit matin. Je cherche des coussins pour préparer mon « siège » mais n’en trouve pas. Ca va être dur pour mes genoux. Première session de méditation de 04h30 à 06h30. Le temps passe lentement. Lors de cette première journée de méditation Anapana l’objectif est de se concentrer sur son souffle, prendre conscience de son souffle, l’observer. Rien de plus. Mais ton esprit n’aime pas être bridé et part dans tous les sens. Des pensées vont et viennent. A chaque fois revenir au souffle.
06 :30. Le gong résonne. Soulagement. C’est l’heure du petit déj. Un mini bol de soupe, des pop corn et un thé. Tous les matins se sera globalement le même petit déjeuner. Ainsi que le même déjeuner et gouter d’ailleurs. Rien à manger après 05PM. Tout végétarien. Le petit déj se fera toujours avec en arrière fond les chants méditatifs de Goenka. Cela me rappelle un peu « Vol au dessus d’un nid de coucou » quand les malades écoutent toujours la même musique en prenant leurs médicaments…
08 :00 – 11 :00 : 3 nouvelles heures de méditation. Cela fait de plus en plus mal. Je n’aurai jamais imaginé qu’être assis puisse générer de telles douleurs. Heureusement il est possible de changer de temps en temps de position. Je continue à essayer de me focaliser sur mon souffle. Tu dois respirer par le nez. Mon angoisse est de m’enrhumer.
11 :00 – 13 :00 : déjeuner et temps libre pour faire sa lessive ou se reposer. Il nous sera expliqué qu’il est important pour bien méditer de ne pas avoir l’estomac complètement plein. Les déjeuners ne seront donc pas très copieux mais plutôt bon.
13 :00 – 17 :00 : 4 nouvelles heures de méditation. J’ai trouvé des coussins. Mais ça fait de plus en plus mal ! Avant chaque séance je réajuste mes coussins comme un pilote de F1 ferait les derniers réglages sur sa voiture avant la course. Des coussins sous les genoux, des coussins sous les fesses. Comme si ça faisait une grosse différence après la première demi-heure !
17 :00 – 18 :00 : Des céréales avec un thé. Ce sera le dernier repas de la journée. Quelques instants de libre pour se dégourdir les jambes.
18 :00 – 19 :00 : Une nouvelle heure de méditation. Dernière tentative pour faire connaissance avec mon souffle.
19 :00 – 20 :30 : Tous les soirs nous aurons une vidéo de Goenka nous expliquant le pourquoi du comment de la technique, nous donnant quelques bases pour mieux comprendre ces notions bouddhistes, nous expliquant le Dhamma. Très intéressant. Malheureusement il est interdit de s’allonger pendant ces sessions vidéo et il faut garder un semblant de posture assise…
20 :30 -21 :00 : Dernière courte méditation et instruction pour la méditation du lendemain matin.
A 21 :15 retour dans ma chambre. Complétement crevé. J’ai mal partout. Mal au crâne. C’est bien plus douloureux qu’une journée de vélo ! Je m’endors directement. Goenka, le Guru, expliquera que ces douleurs sont normales. Ce sont le corps et l’esprit qui se rebellent et font de la résistance par rapport à l’opération qui s’opère. Et le tout s’en anesthésie…
Jour 02 : Exactement le même déroulement. Tous les jours le programme sera le même. Sauf que maintenant il faut se focaliser sur l’air qui entre et sort de nos narines. On affine la prise de conscience de notre souffle.
Jour 03 : Il faut maintenant arriver à percevoir l’air qui touche nos parois nasales, l’espace entre le nez et la lèvre supérieure, ainsi que globalement les sensations ressenties au niveau du nez.
Jour 04 : On affine de plus en plus la zone d’étude. Il faut maintenant se concentrer uniquement sur la petite zone entre le nez et la lèvre supérieure. L’idée étant de réduire de plus en plus cette zone d’étude afin d’aiguiser, d’affuter au maximum notre esprit.
Ces quatre premières journées sont très longues. J’ai mal au dos, aux cuisses, aux adducteurs. Il est un peu plus facile de rester concentrer sur ma respiration mais j’utilise des techniques « interdites », comme compter mes souffles. Autrement mon esprit s’échappe régulièrement. Ce serait à refaire j’éviterai et essaierai d’appliquer scrupuleusement les instructions. Observation du souffle. Contrôle de son esprit sans aide extérieure, sans outils de visualisation ou de verbalisation.
Le jour 04, d’après tous les échos que j’avais eus d’anciens stagiaires était le plus dur. Je commence à compter les jours.
Jour 05 : C’est aujourd’hui que la méditation Vipassana commence vraiment. Nous sommes maintenant censés pouvoir contrôler notre esprit et pouvons maintenant observer nos sensations et apprendre à ne pas y réagir. Nous allons donc commencer à faire des scans de notre corps, de la tête aux pieds, en restant sur chaque partie jusqu’à ce que des sensations se présentent. Ces sensations peuvent être des picotements, des démangeaisons, de la chaleur ou des sensations de froid, de douleur. N’importe quel type de sensation. Chaque partie du corps est à chaque moment parcourue par des processus physiques ou chimiques qui génèrent des sensations. Sensations qui vont et viennent. L’impermanence de la nature…
Jour 06 : Peut-être le plus dur. Parmi les 10 heures de méditations journalières, il y a maintenant 3 sessions de une heure où il est interdit de bouger ne serait-ce qu’un doigt. Aucun mouvement et yeux fermés pendant une heure. Et bien quand tu n’as pas l’habitude, une heure c’est très long ! Après 45 mn ça se fait vraiment à la détermination. Chaque minute est douloureuse…
Les instructions sont les mêmes. Scanner son corps de la tête aux pieds et des pieds à la tête. Observer les sensations et ne manifester aucune réaction, rester équanime, en comprenant le côté impermanent de ces sensations.
A la fin de la dernière méditation d’une heure je me suis demandé si je n’avais pas un palu. J’étais complétement gelé et tremblais de partout. Mais je n’avais pas bougé…
Jour 07 : Le scan continue. Les sensations deviennent un peu plus faciles à percevoir. La douleur commence à s’estomper peu à peu. Même si ça reste toujours une lutte avec ton corps et avec ton esprit. Le soir je m’endors toujours immédiatement.
Jour 08 : Je ne sais plus comment je m’appelle, où se trouve ma tête par rapport à mes pieds. J’ai l’impression d’être devenu un morceau de bois. Je ne ressens plus rien. Je vais voir le prof à midi et lui explique mon problème. Installé sur l’estrade, il me fait assoir devant lui. Il reste très énigmatique, me parle de l’impermanence de la nature, de l’aspect merveilleux du chemin du Dhamma, et me dit que tout viendra en son temps. Je sors de là l’esprit encore plus embrumé…
Jour 09 : Dernière journée de Vipassana. J’ai oublié de mentionner qu’au soir du jour 06 il a été fait mention pour la première fois de la notion de Free Flow. Je n’avais aucune idée de quoi il était question. Je n’avais jamais ressenti quoi que ce soit qui ressemble à un Free Flow. Et tous les jours, cette notion de Free Flow revenait dans les instructions. Alors que moi je me battais pour éprouver des sensations très grossières finalement.
Je me mets donc une grosse pression et me dit que c’est ma dernière chance pour éprouver le Free Flow. Concentration maximale toute la journée. Scans du haut en bas et du bas en haut en pagaille. Le souffle toujours présent. Mais toujours pas de Free Flow.
Ceux qui éprouvent ce fameux Free Flow, peuvent maintenant passer au scan de l’intérieur de leur corps en faisant des traverses… Je n’en suis pas là.
Jour 10 : Après la dernière méditation sans bouger, à 09h, nous sommes enfin autorisés à rompre le silence et à échanger nos expériences. La fin du « Noble Silence ». Je suis alors surpris de constater que beaucoup des participants ont expérimenté ce Free Flow et vécu des choses très fortes. Le Free Flow étant un état de conscience maximale où tout ton corps est parcouru de sensations continues. Certains comparent le Free Flow à, par exemple, un seau d’eau qui serait déversé sur ta tête. L’eau s’écoule sans obstacles sur ta peau. De la tête aux pieds, et des pieds à la tête aussi d’ailleurs !
Certains ont le sentiment d’avoir eu le Free Flow sur certaines parties de leur corps, moi pas du tout. Je suis un peu frustré. En discutant plus avant avec les autres je commence à penser que ma respiration est le problème. Tout le temps j’avais ma respiration à l’esprit. Je n’arrivais pas à me concentrer pleinement sur mon corps et à mettre mon souffle de côté. C’est comme si ma respiration faisait écran entre mon esprit et mes sensations.
Je suis retourné voir le prof. A nouveau il m’a dit que je devais être patient, le chemin merveilleux du Dhamma, ect.
Le reste de la journée 10 sera consacré à l’apprentissage de la méditation Metta, ou méditation d’amour et compassion. Durant cette méditation il faut en gros être reconnaissant du bonheur, de la paix et de l’harmonie que l’on peut ressentir, souhaiter que l’on puisse partager cette paix avec les autres êtres vivants et souhaiter que tous les autres êtres vivants vivent dans le bonheur, la paix et l’harmonie. C’est une courte méditation de 05 mn qui doit suivre l’heure de méditation Vipassana.
Lors du discours final Goenka, le guru, nous a expliqué que nous venions de faire un premier pas dans la bonne direction mais qu’il fallait maintenant continuer. Il est recommandé de faire une heure de méditation le matin et une heure de méditation le soir. Il semble que la méditation aide d’une part à avoir un meilleur sommeil et qu’il est alors possible de dormir une heure de moins. D’autre part une pratique régulière permettrait d’améliorer ses facultés de concentration et donc de devenir plus efficace au boulot (pour ceux qui bossent). Se libérer une heure par jour est généralement possible compte tenu du temps perdu habituellement dans une journée.
Cette pratique régulière permettrait de vivre plus léger, en harmonie avec son environnement, de ne plus avoir de coups de mou et de rester positif. L’équanimité de l’humeur. Au lieu de vivre dans le besoin de sensations de bien être, et dans l’aversion des sensations désagréables, un état permanent de bonheur devrait s’instaurer. Cette paix et cette harmonie se transmettant à notre entourage…
Goenka met également en garde contre le jeu des sensations, le fait d’utiliser cette technique pour éprouver des sensations agréables. Si c’était le cas l’objet même de la technique serait perdu car de nouvelles sensations de manque seraient créées. Cela me rassure un peu. J’essaye de me convaincre qu’il n’est pas grave de ne pas avoir connu le Free Flow, qu’il faut juste accepter ce qui se présente, rester équanime, sans réactions…
Bon, tout ça c’est la théorie mais c’est vrai que je sors détendu de cette semaine de méditation. Tous les stagiaires avaient vraiment la banane le dernier jour. Probablement juste contents que tout ça soit fini… Je n’étais pas stressé avant mais je le suis encore moins maintenant ! J’essaierai cependant de refaire un stage d’ici un ou deux mois. Peut-être sur la Birmanie, qui est le berceau de cette technique. Je pense ne pas avoir complètement réussi à me lâcher cette fois ci. Je vais essayer d’ici là de continuer à pratiquer les deux heures quotidiennes. On va voir combien de temps je vais tenir ! Le bon côté des choses c’est que je peux maintenant tenir une heure assis en tailleur sans bouger et sans souffrir. C’est fou comme ton corps fini par s’adapter à toutes les situations!
Et tous ces concepts bouddhistes sont vraiment des notions à approfondir. Durant tout le stage, même si il est fait en permanence référence au Bouddha et à son enseignement, il nous est expliqué que tout ce qui est enseigné, tous ces préceptes de moralité, cette recherche de la sagesse, sont présents dans toutes les religions et que la méditation Vipassana est une technique universelle qui peut être pratiquer par tous. Ces notions de compassion, de souffrances générées par le manque ou l’aversion (deux caractéristiques de notre société de consommation), du danger du “Moi”, du “Je”, du “Mien”, de l’attachement aux choses matérielles sont bonnes à être entendues par tout le monde. La méditation Vipassana serait juste un outil pour vivre mieux, pas une recette de cuisine pour le parfait dévot… Hormis 2 bouddhistes occidentaux parmi les stagiaires, il y avait soit les népalais qui étaient hindous, soit les gars comme moi sans réelle croyance, mais curieux d’approfondir un peu le côté spirituel des choses et de découvrir les forces insoupçonnées et inexploitées de notre esprit…
Voilà, en résumé une expérience intéressante…
Pour ceux que ça intéresse, une vidéo qui nous a été montrée pendant le stage sur l’instauration de du Vipassana dans les prisons indiennes : https://www.youtube.com/watch?v=WkxSyv5R1sg
Et pour ceux que ça intéresse vraiment, il y a des centres en France (www.dhamma.org)
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