Mes trois premières semaines en Russie ont vraiment été une découverte. Une nouvelle et heureuse découverte. Dés le passage de frontière j’ai le sentiment de changer d’univers. Les forêts de pins font leur apparition. Les maisons en bois aux fenêtres colorées et les vaches laitières remplacent les yourtes et les yaks. Les petites motos chinoises laissent la place aux side-cars russe des années 80, les stupas des temples bouddhistes au clocher à bulbe des églises orthodoxes. Et surtout… il y a ici des stations services tout confort où on peut faire quelques courses et se poser pour déjeuner. Le pied.
Les bouriates, les russes d’origine mongole, sont tout aussi fiers de Gengis Khan et accueillants que leurs cousins du sud. Plusieurs fois des voitures s’arrêtent pour me donner à boire et me lancer des “Atkouda?” – signifiant d’où viens-tu, en russe. Ça me rappelle avec plaisir l’Asie Centrale où les Atkouda rythmaient la journée. Je sens que je vais aimer cet endroit. Après 3 jours de route j’arrive sur Ulan Ude. La grande ville carrefour où les trains de Chine et de Mongolie rejoignent le transsibérien. Puisque je n’ai pas le temps en 30 jours de rouler jusqu’à la côte je choisis de prendre mon temps autour du Lac Baikal. Je prends un billet de train Irkutsk – Khabarovsk pour le 19 août. J’ai 2 grosses semaines pour me balader tranquillement dans ce coin de Sibérie.
Sylvain Tesson et son livre racontant son “ermitage” sur les berges du Baikal avait éveillé ma curiosité. Je décide donc de monter au nord, vers le lac, voir si moi aussi je peux trouver ma cabane. Je ne suis pas déçu. La nature est belle. De beaux bivouacs au bord de l’eau, quelques rencontres avec des camarades campeurs. Difficile d’imaginer ce lac en hiver, lorsqu’il est recouvert par une couche d’un mètre cinquante de glace et qu’il fait – 30° alors que je me baigne avec plaisir après une journée de vélo. J’arrive ensuite un peu miraculeusement à trouver une embarcation pour passer sur la côte ouest. 8 heures de traversé. L’équipage nous invite, un couple canadien et moi, à partager leur repas et leur vodka. Un de ces moments inattendus qui pimentent le voyage.
Le bateau nous dépose sur l’île d’Olkhon, un des lieux les plus sacrés d’Asie pour les chamanes et les bouddhistes. L’endroit est réputé pour une énergie particulière que l’on peut ressentir. Je m’y pose presque une semaine. Un peu bloqué par la pluie il est vrai. Les pistes de sable se transforment très vite en piste de boue dés qu’il pleut. Mais c’est vrai qu’il règne une atmosphère particulière sur cette île. Après un dernier bain dans le Baikal, je reprends la route d’Irkutsk.
Irkutsk est la capitale de Sibérie Orientale. Une ville historique vieille de presque 400 ans qui a coûté ses yeux à Michel Strogoff. C’est un des plus populaires arrêts sur le transsibérien. A 4 jours de train de Moscou, à 3 de Vladivostok. Je descends dans un hostel où se trouvent d’autres voyageurs. Ça fait du bien après une longue période seul, où la plupart des personnes rencontrées ne parlent que russe, de pouvoir échanger.
Mais assez blablaté, j’ai un train à prendre. 60 heures pour arriver sur Khabarovsk, et alors lancer la machine à pédaler pour couvrir les 700 kms jusqu’au sud de Sakhaline et quitter la Russie. Je vais avoir le temps de réfléchir à ce que je fais après le Japon. Mon avancée vers l’est va bientôt se trouver stoppée par le Pacifique. Il sera alors temps de prendre une décision pour la suite. Ça commencerait presque à m’angoisser…
Quelques photos de Sibérie : https://goo.gl/photos/ C98iX31PtzYFVNrX9
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