Kirghizistan

3 chutes en 12 km…

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Résumé du jour :

 

Départ pour midi. Assez tard, comme d’habitude mais cette fois c’est totalement volontaire. Je me dis que le verglas aura fondu avec le soleil et que cela devrait être moins glissant.

Avant de partir j’ai enfilé les différentes couches de vêtement : polo conçu pour les bucherons travaillant l’hiver, 2 t shirt, 2 polaires, sous veste étanche et enfin blouson moto. Pour les jambes : collant, pantalon et sur-pantalon. Je suis paré.

Le col est à près de 4300 m. Les derniers motards à l’avoir tenté il y a quelques jours ont dû renoncer : ils ont mis les motos sur un camion. D’après les informations que j’ai pu collecter, c’est le col le plus compliqué pour le moment, bien que ce ne soit pas le plus haut. Le suivant, qui culmine à plus de 4600 m, est moins enneigé. Les reste du parcours semble exempte de neige mais cela peut changer très vite : deux jours de neige sont prévus la semaine prochaine suivi d’un embellissement accompagné d’une chute drastique des températures : jusqu’à -20°C en température ressentie.

Bref, il est urgent que j’y aille, mais je n’ai pas la garanti de pouvoir passer.

Les 25 premiers km, jusqu’au poste frontière Kirghize ne présentent aucunes difficultés. Ni le passage de la frontière du reste qui est plutôt bon enfant. Seul petit sujet d’inquiétude : je ne vois aucun autre véhicule. Je suis seul. Enfin presque, très vite après la frontière je croise une première cycliste, une anglaise qui me confirme que les prochains km sont compliqués. Elle est tombée. J’évite de lui demander combien de fois. Un peu plus loin, deux autres cyclistes encore, dans l’autre sens toujours. Ils me confirment aussi que le trajet est compliqué. Je dégonfle une première fois. Pression à 1,5. La route est un mélange de boue et de neige. Très vite, l’arrière part en danseuse et je tombe. Rien de méchant, juste Utopia à relever. Je dégonfle une seconde fois : 1,1 et je repars. J’essaye d’éviter les traces en roulant dans de la neige fraiche. Ça marche assez bien jusqu’au moment où je m’enfonce dans une profonde ornière invisible. Un peu plus loin, seconde ornière, celle-là je l’ai bien vue, mais impossible de l’éviter. Dans les deux cas, je suis obligé de faire rugir le moteur pour sortir Utopia de ce mauvais pas. Les pneu off-road remplissent merveilleusement leur office. Hélas, malgré cela, la seconde chute ne se fait pas attendre. Je dégonfle une troisième fois à 900 gr cette fois. Chute encore moins de 500 m plus loin. Ma gourde explose, coincée par le guidon. Cette fois, je descends à 600 gramme de pression et là oh miracle, Utopia devient stable sur ses roues, même si elle chasse encore du cul çà et là. Mais je la remets dans l’axe sans problème. Juste conserver un petit filet de gaz et cela passe. Le mélange de neige et de boue fait place à un beau manteau blanc uniforme. Mon GPS affiche bientôt un 4000 m, puis un peu plus tard un 4100 m, 4150… bientôt plus que 100 m de dénivelé avant d’arriver au col. Je jubile. Le col est à moi…. Enfin si j’arrive à passer la série de lacets qui s’annonce devant moi. La pente s’accentue. D’un coup, le sol se dérobe sous Utopia. Elle est trop lourde, la pente trop raide et le sol qui a fondu durant la journée trop meuble. Je fais hurler le moteur encore. Une fois, deux fois, trois fois, 4 fois… Utopia devient tracteur, elle creuse sa trace. Le moteur hurle. J’ai peur de finir par cramer mon embrayage et à moins de 4 km du col, il me faut me rendre à l’évidence. Je ne pourrais jamais passer la dernière partie. J’ai fait plus de 12 km dans la neige en 3 heures environ mais impossible d’aller plus loin. Si j’avais des clous, je pourrais envisager de bivouaquer afin d’attendre le matin suivant que le sol soit redevenu compact sous l’effet du gel mais voilà je n’ai pas de clou, et j’ignore si mes pneus, malgré leurs gros crampons tiendront sur la glace. J’en doute, ils sont plus conçus pour l’Afrique. Il est 16h et déjà je sens la température fraichir. Il y en une heure à peine ne crevait de chaud, mais maintenant je commence à sentir la froidure m’envahir. 4km… Je mange un bounty et bois un peu. Heureusement j’avais également de l’eau dans mon bidon arrière et pas uniquement dans ma gourde. 4 km !!! Seulement 4 km. Je fais demi-tour. La descente se déroule sans encombre : avec ses 600 gr de pression Utopia tient désormais très bien sur ses roues.  Je repasse le poste frontière dans l’autre sens. J’en profite pour faire des tours de magies aux douaniers. Ils doivent s’ennuyer, il faut dire : je n’ai guère compté que 5 à 10 voitures, exclusivement des 4X4, sur l’ensemble de l’après-midi. La plupart dans le sens inverse du reste (de mémoire : deux 4X4 dans le sens montant, et peut être 4 dans le sens descendant.)

 

La suite ? j’ai toute la nuit pour y réfléchir. Première solution : mettre la moto dans un camion (solution adoptée par les Russes), seconde solution : refaire une tentative.  Troisième solution, la plus probable : Aller jusqu’à Douchanbe par la route. Déposer ma demande de visa turkmène et tenter le corridor de wakam par l’autre côté. Il semble être dégagé de toute neige pour le moment.

 

A venir : une petite vidéo. J’ai pris très peu de photos mais j’ai presque tout filmé (sauf la descente : la caméra a bougé et regardait le sol.)

 

 

Au final : super journée malgré tout. Mais suis cassé J

 

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1 Comment

  • Reply Yvane 28 octobre 2018 at 12 h 54 min

    On a bien envie de pousser la moto pour t’aider à avancer.
    Et pour se remettre de toutes ses émotions on mangerait bien aussi un bounty 😉

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