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LOST WITH PURPOSE

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Interview d’Alex, une voyageuse hors norme.
(Article paru dans le numéro 84 de Road Trip Magazine.)





Voici le portrait d’une jeune femme qui s’inscrit dans la lignée des grandes exploratrices telles que Anne-France Dautheville, Ella Maillard ou encore Theresa Wallach.
Cela fait désormais huit ans qu’Alex Reynolds parcourt le monde s’aventurant seule dans des zones que bien de gens craignent.

L’interview originale en Anglais est dans la section Anglais du site.




Bonjour Alex. Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Alex, motarde et voyageuse américaine de 32 ans. Je vis une vie nomade depuis 2016 que je raconte au travers de mon blog www.lostwithpurpose.com. Depuis quelque temps, j’organise des voyages à moto ou en sac à dos au Pakistan réservé aux femmes. 
Maintenant, si l’on creuse un peu, mon état civil est quelque peu complexe : je suis née aux Etats-Unis, mais je possède également un passeport britannique de par mon père anglais. Physiquement, j’ai les traits de ma mère originaire des Philippines et enfin j’ai une carte de séjour et une moto belge tout en passant la moitié de l’année au Pakistan. Même pour moi, c’est un peu déroutant, parfois !

Votre voyage a commencé en 2016 en Géorgie. Quelles étaient vos intentions à l’époque ?
J’avais économisé 12 000 euros et je prévoyais de voyager durant 1 an en utilisant les moyens de transport locaux.  Mais, il semble que je sois une voyageuse frugale puisqu’après un an, je n’avais pas encore épuisé mes réserves. J’ai donc continué à travers le Caucase, une partie de l’Asie centrale, L’Iran et l’Asie du Sud. A cette époque, j’ai créé mon identité de « Lost with Purpose » qui me permet encore aujourd’hui de vivre.

·      Devant le minaret Malwiya de Samarra en Irak.

Vous voyagez principalement dans des pays où la plupart des gens craignent de s’aventurer. Pourquoi ce choix ? Et qu’y avez-vous appris ?
Au début de mon voyage, j’ai rapidement constaté que voyager dans ce genre de pays ouvre la porte à des expériences de vie et de voyage plus authentiques. Les interactions avec les habitants y sont tout à la fois plus simples, naturelles et sincères. Cela n’est plus le cas, hélas, dans les pays trop fréquentés par le tourisme où l’humain a bien souvent laissé place au mercantilisme. Alors certes ces pays disposent d’infrastructures parfois spartiates et rudes. Mais en fin de compte, c’est un petit prix à payer pour éviter les foules de touristes et de réellement rencontrer les populations locales.
 

Vous n’êtes devenue motarde que récemment sauf erreur. Pourquoi ce choix ? Et quelle moto avez-vous choisie ? 
J’avais eu une très mauvaise expérience en scooter lors d’un premier voyage en Thaïlande au début de ma vingtaine. Depuis cette époque, j’étais littéralement terrifiée par les deux roues. Puis, fin 2018, alors que j’étais au Pakistan, j’ai pu observer la liberté qu’offrait ce mode de locomotion. Quelle simplicité par rapport aux transports publics ! J’ai donc décidé d’apprendre à conduire une moto. C’est un Pakistanais, Usman qui m’a donné mes premières leçons sur une Suzuki GS 150 dans un quartier désert de Karachi, marquant ainsi le début de mon aventure motarde. 
Durant quelques années, j’ai exploré le Pakistan sur de petites motos locales. C’est ainsi que j’ai commencé à rêver de parcourir le monde sur ma propre moto. Mais pour cela, il me fallait passer le permis ce qui n’était pas chose facile du fait de ma vie nomade. Où l’obtenir ? La pandémie a commencé alors que j’étais chez mes parents en Belgique. Cette immobilisation forcée m’a donné le temps de passer, et de réussir, mon permis. J’ai pu alors investir dans ma première vraie moto : une Suzuki DR 650 que j’ai baptisée« Paars Paard » – « le cheval violet » en flamand – du fait de la couleur de son châssis. Mais une fois revenue au Pakistan, et après l’avoir faite repeinte dans le style si particulier des camions locaux, j’ai su qu’il lui fallait un nom pakistanais. Je l’ai donc rebaptisée Meri Jaan ce qui signifie mon chéri ou ma chère, un terme d’affection courant dans la région. 

Votre moto est effectivement magnifiquement décorée et unique en son genre. Pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet ? Y a-t-il une signification particulière à ces décorations  que l’on retrouve sur tous les camions au Pakistan ?
Meri Jaan a été décorée par un des artistes du genre à Rawalpindi, non loin de la capitale pakistanaise Islamabad. J’adore le côté psychédélique de cette tradition de décoration par des peintures, lumière LED et autres bibelots en métal. Les motifs, souvent empreints de féminité avec des yeux de femme, des fleurs, etc., reflètent l’attachement des chauffeurs à leur véhicule, souvent vu comme une compagnie féminine alors qu’ils sont loin de chez eux. 
Sur Meri Jaan, les décorations incluent les yeux féminins coutumiers, ainsi qu’un paon et une perdrix, symboles récurrents dans les contes populaires de la région. J’ai spécifiquement demandé à l’artiste de peindre des paons plutôt que des papillons tout à la fois parce que j’aime l’élégance de cet oiseau et qu’à l’inverse j’ai une vraie phobie des papillons. 

Qu’avez-vous fait à moto depuis votre permis ? 
Vous voulez dire à part de tomber dans des endroits improbables au milieu de nulle part tout en maudissant la Terre entière en essayant de la relever seule ? Eh bien de chutes en chutes, et autres erreurs stupides, je suis allée du Pakistan jusqu’en France en 2023 en m’attardant plus particulièrement au Moyen-Orient et en Russie. Début 2024, j’ai expédié ma moto à Dubaï et je viens de passer pas mal de temps en Syrie. Je me dirige désormais vers le Caucase et je compte explorer l’Asie Centrale cet été, en laissant l’inconnu et l’improbable me guider. 

L’improbable vous guider… A ce propos, votre site s’appelle « lostwithpurpose » – perdue volontairement –  pouvez-vous expliquer cela ?
Cela reflète mon plaisir d’être perdue. Mon sens de l’orientation est quasi inexistant, mais au lieu de le vivre comme une source de stress, j’ai décidé d’en tirer profit. Dans l’égarement, je trouve un terreau de surprises, exempts d’attentes ou de plans préétablis. Cette incertitude permanente apporte son lot d’excitation, bien plus stimulante que de suivre un chemin balisé.

Rakaposhi au Pakistan

Cela fait maintenant 8 ans que vous voyagez. Est-ce que votre manière de voyager a changé ? En quoi ? Et pourquoi ?
Oui, bien sûr. Je serais particulièrement bornée si je n’avais pas évoluée après 8 ans d’expérience de vie aussi intense. Il y a eu bien entendu la transition entre le statut de routarde à celui de motarde. Tous les motards comprendront parfaitement, je pense, cette sensation de liberté qu’offre la moto. Outre d’apporter une autonomie sans commune mesure avec celui d’une simple voyageuse en sac à dos, la moto est un véritable viatique qui facilite le contact avec les populations. Les seuls moments où je regrette cette transition sont lorsque je passe les frontières ou lorsque je commande des pièces détachées. Adieu alors, à mes finances !

Plus important encore, j’aime à penser que je suis devenue plus consciente de l’impact de mes voyages et de mes interactions avec les populations et l’environnement. En tant que touristes, nous pouvons avoir un impact très puissant sur les communautés locales et les lieux, de manière aussi bien positive que négative. Je ne peux pas tout changer, mais j’ai appris que je devais au moins essayer de faire en sorte que mes voyages profitent aux destinations et à leurs communautés. C’est la responsabilité minimale que nous avons en tant que personnes ayant le privilège de voyager dans le monde pour le simple plaisir.

Est-ce qu’être une femme seule est un avantage ou un handicap ?
Cela dépend de la situation ! Les femmes doivent généralement faire face à plus de risques que les hommes sur la route. L’appréhension d’une agression sexuelle, par exemple, est une préoccupation constante pour les femmes lors de rencontres avec des inconnus, une réalité qui échappe souvent aux hommes. Par ailleurs, le monde de la moto reste un univers assez masculin et être une femme est souvent synonyme d’exclusion lors de rassemblement, sauf à être très connue. 
Cela dit, les voyageuses bénéficient de nombreux avantages en raison de ces risques. Dans la plupart des endroits, les gens font plus d’efforts pour m’aider parce que je suis une femme seule. Ils n’arrivent pas à croire que je sois assez folle pour faire cela, alors ils sont particulièrement attentionnés parfois au point de m’étouffer, mais bon, je ne vais pas me plaindre. Être une femme étrangère me permet également de transcender les genres et de naviguer entre les mondes masculins et féminins dans des sociétés où la ségrégation entre les sexes est très marquée, ce qu’un homme ne pourra jamais vivre.En définitive, je suis fière de voyager en solo en tant que femme. Mais cela ne me dérangerait pas d’être un homme – il me serait beaucoup plus facile de faire pipi sur le bord de la route.



Vous écrivez quelque part dans votre blog : “Trop adaptée pour être étrangère, trop étrangère pour être adaptée”. Pouvez-vous expliquer cette phrase ?

En raison de mes origines biraciales, mon apparence est assez ambiguë. J’ai les cheveux et les yeux foncés, la peau brune, des traits de visage qui mélangent à la fois l’Européen et l’Asiatique. Qui suis-je ? De prime abord, personne ne le sait. Cette apparence caméléon fait que je pourrais facilement passer pour une locale dans de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Asie.Cela signifie-t-il pour autant que je puisse facilement m’intégrer dans n’importe quelle communauté ? De manière superficielle, peut-être. À un niveau plus profond, non. Quelle que soit mon apparence, je reste une étrangère.En pratique, je ne reçois pas le même accueil que les voyageurs blancs (et idéalement blonds) dans de nombreux pays. Les habitants sont souvent déçus lorsque j’arrive alors qu’on leur a annoncé une étrangère américaine – où est la personne blanche qu’on leur avait promise ? Pourtant, je ne serai jamais une des leurs. Je suis toujours l’étrangère trop stupide pour comprendre la réalité des choses.Mais, tout comme le fait d’être une femme, il y a avantages et inconvénients. Et au moins, je ne crains pas de devenir rouge écrevisse au soleil !

Arabie saoudite

Vous parlez également de choc culturel inversé. Qu’entendez-vous par là ?
Le choc culturel inversé se produit lorsque vous retournez dans votre culture “d’origine” et que vous ne vous sentez plus à votre place. Comme être une étrangère dans son propre pays.Je vis en dehors des États-Unis depuis 2013 et ce fut un véritable choc pour moi que d’y retourner. Des supermarchés avec suffisamment de produits pour nourrir un village pendant un an ! De l’air conditionné à fond 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ! Des voitures surdimensionnées saturant les routes ! Des gens qui n’ont aucune idée qu’un monde radicalement différent existe en dehors des États-Unis !
Revenir fut une expérience réellement traumatisante et il m’a fallu beaucoup de temps pour me sentir « chez moi » dans une culture dans laquelle j’ai pourtant été élevée.

Avez-vous déjà eu peur ? Dans quelles circonstances ? 
Oui, bien sûr. Tout le temps. Ce n’est pas parce que je voyage seule vers des destinations peu conventionnelles que je n’ai jamais peur, bien au contraire. 
Les hommes en particulier me font peur. J’ai été traquée, agressée et harcelée. C’est particulièrement effrayant lorsqu’il s’agit d’un groupe d’hommes ou d’un homme nettement plus grand et plus fort que moi.
La pratique de la moto peut être également terrifiante. Essayez donc de conduire mon vieux DR dans le trafic du Koweït au milieu des SUV flambants neufs roulant de manière erratique à plus de 140 km/h sur des autoroutes à six voies, dans une culture où tuer quelqu’un n’a strictement aucune importance si l’on est riche.
J’ai également peur pour ma santé. Les voyages sont éprouvants pour le corps et depuis quelque temps j’ai quelques soucis, mais je ne reste jamais assez longtemps au même endroit pour me faire examiner et suivre correctement. Parfois cela m’inquiète pour mon avenir. 

Pouvez-vous me raconter une anecdote qui vous a marquée ? 
Ma plus grande colère. Il y a quelques années j’ai entrepris de me rendre à moto avec deux amis dans la vallée de Khaltaro située au nord du Pakistan. Sur internet, beaucoup de routes sont appelées “Death Road”, mais si une route devait être la route officielle de la mort, ce serait sans nul doute la piste qui y mène. Il s’agit d’un chemin de terre et de rocaille qui serpente au bord d’une falaise si raide et si vertigineuse que l’on ne peut en apercevoir le fond. Tombez à cet endroit et c’est la mort assurée.
J’avais entrepris de parcourir cette tortille sur une TTR 250 lourdement chargée – détail vraiment « fun » dans un tel environnement. Mes deux amis pilotaient pour leur part, des Suzuki 150 locales bien plus légères. Je suis arrivée jusqu’à la vallée sans encombre, mais alors que je gravissais l’ultime pente qui menait à la maison où nous devions dormir, une de mes sacoches s’est accrochée à un muret et je suis lamentablement tombée devant un groupe d’une dizaine d’hommes de la région. De quoi produire une excellente première impression pour tous ces hommes qui n’avaient jamais vu, de leur vie, une femme piloter une moto. Sur le moment j’ai ri, mais ce fut beaucoup moins drôle le lendemain. 
Alors que nous quittions la vallée, deux des hommes ont décidé de nous accompagner. Et quand je dis “accompagner”, je veux dire qu’ils roulaient juste derrière moi comme la « mouche du coche » de la fable de La Fontaine. L’un d’eux critiquait en permanence tout ce que je faisais m’enjoignant de laisser ma « grosse » moto à l’un de mes amis masculins. “Cette moto est trop grosse pour toi » est un commentaire que toutes les femmes motardes ont sans doute entendu au moins une fois. Dans le cas présent, c’était d’autant plus énervant, que cela provenait d’hommes bien plus petits que moi.  
Après des années passées à entendre ce genre de réflexions machistes, et alors que j’ai piloté des motos de 800 cc parfois, c’est devenu chez moi un point particulièrement sensible.Alors, naturellement, j’ai commencé à m’énerver toute seule dans mon casque après environ 20 minutes de ce comportement. Au bout d’un moment, mon ami est intervenu et leur a dit de partir. Ils ont alors décidé de nous précéder et je fus tranquille durant un moment. Nous sommes arrivés à un endroit où nous devions descendre 7 à 8 pentes particulièrement raides et sablonneuses. Tout se passait bien jusqu’à ce que j’aperçoive les deux hommes qui m’observaient depuis le bas de la colline. Cela m’a fait perdre ma concentration et je suis tombée dans un virage. Immédiatement, les deux hommes m’ont rejointe, répétant que cette moto était trop grande pour moi et que j’étais incapable de la conduire. Voyant que j’étais sur le point d’exploser, mes amis m’ont dit de reprendre mon souffle, mais au lieu de cela, je suis entrée dans une rage folle. J’ai tenté de redresser la moto à deux reprises sur cette pente raide et irrégulière, mais je l’ai fait retomber à chaque fois. Mes mains tremblaient de colère et j’ai failli jeter ma monture du haut de la falaise. Finalement, l’un de mes amis a fermement demandé aux hommes de partir. J’ai fini par redresser la moto et j’ai démarré en furie, maudissant les hommes pour le reste de l’éternité. C’est un miracle que je n’aie pas chuté de la falaise dans l’état dans lequel j’étais. 
Ce jour-là, j’ai pris la résolution de devenir une motarde suffisamment habile pour conduire une 1250 cc en off-road. Est-ce que je pense qu’il est judicieux de conduire de si grosses motos en tout-terrain ? Bien sûr que non. Je pense que même 99 % des motards le font pour leur ego et que probablement 95 % d’entre eux le regrettent une fois sur les pistes. Mais je veux le faire. Et ce, afin de satisfaire mon seul ego, j’en suis consciente. Je ne suis pas pressée, je connais mes limites et je sais qu’il faut du temps pour acquérir de telles compétences. Mais j’y arriverai, ne serait-ce que pour montrer que oui, moi, une femme, je peux le faire. (Les dons pour l’achat d’une 1250 sont les bienvenus).

Rires. Je ferai passer le message ! Une autre anecdote peut-être ?
Il y a quelques jours, j’étais assise dans un café à chicha à Bagdad en compagnie d’une jeune femme irakienne assez émancipée de prime abord. Ses cheveux étaient teints d’un rouge flamboyant, ses ongles résolument longs et peints en noir et rose. Son anglais était parfait, résultat d’années de jeux en ligne avec des personnes à l’étranger, puis de travail dans le monde de l’informatique. Nous nous étions rencontrées un an plus tôt, alors que je traversais l’Iraq en voiture. Bien que sa famille soit aisée, elle est soumise à des restrictions incroyables. Elle doit constamment signaler où elle se trouve à son frère, lequel pense que les femmes irakiennes ne devraient pas sortir et se promener. Son père, d’un caractère violent, ne lui permet pas de voyager sans être accompagnée, alors qu’elle souhaite désespérément étudier ou travailler à l’étranger.
Curieuse, elle me questionnait sur la sécurité relative de vivre ou de voyager dans différents pays, puis notre conversation s’est orientée sur son enfance à Bagdad. 

« J’avais l’habitude de marcher sur des cadavres pour me rendre à l’école quand j’étais petite. Il y en avait partout dans les rues. Nous recevions constamment des menaces de mort à la maison. Plusieurs de nos appartements ont été attaqués et nous avons dû déménager souvent » me confia-t-elle.

Je lui ai dit qu’elle devait être une femme forte pour survivre à tout cela et être encore capable de continuer de vivre normalement tout en conservant cette aura tout à la fois douce et charismatique qui la caractérise.
“Tu penses vraiment cela ?” a-t-elle demandé sur un ton quelque peu incrédule, avant de baisser timidement les yeux. “Mon père dit toujours que je suis trop faible pour faire quoi que ce soit de bien…”

Depuis, je n’ai cessé de penser à cette conversation. Beaucoup de personnes nous félicitent, moi et d’autres comme moi, de parcourir le monde comme nous le faisons, mais qu’avons-nous vraiment dû surmonter pour arriver là où nous sommes ? Je viens d’une famille ouverte d’esprit, d’une culture qui, bien qu’elle ne l’encourage pas vraiment, ne m’exclut pas pour les choses que je fais. Ma famille aurait sans doute préféré que je reste à la maison et que je mène une vie normale, mais elle ne m’a pas excommuniée pour mes choix de vie.Malgré la fugacité de cette conversation, cela m’a rappelé de manière poignante que j’avais le loisir de vivre, d’aimer et de me déplacer librement. Je ne dois jamais considérer cela comme acquis, même après toutes ces années passées sur la route. Beaucoup de femmes sont capables de faire comme moi avec un peu d’effort et de motivation, mais bien plus encore doivent se battre contre le monde entier afin de juste franchir la porte de leur maison. N’oubliez jamais cela.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui souhaite voyager seule ?
Just do It ! Vous n’êtes pas obligée de commencer par un grand voyage si vous n’en avez pas envie. Essayez d’abord de sortir dans votre région et de partir à l’aventure seule le temps d’un week-end. Faites ce que vous aimez et allez progressivement de plus en plus loin. Les choses ne se passeront pas toujours – rarement en fait – comme prévu, mais vous verrez bientôt que vous êtes bien plus capable que vous ne le pensez. En vous précipitant dans le chaos de l’inconnu, vous apprendrez également que la plupart des gens dans ce monde sont des êtres humains honnêtes qui sont heureux d’aider les autres lorsqu’ils en ont besoin.

Cela dit, ne vous forcez pas à voyager seule si telle n’est pas votre réelle envie. J’ai rencontré beaucoup trop de femmes qui essaient de voyager seules parce que c’est “le truc” que les filles font sur internet maintenant, mais rien ne doit vous y obliger. Voyager, à bien des égards, est une expérience très personnelle. Faites-le comme vous le souhaitez et non pas comme la société vous pousse à le faire.

Un dernier mot ?
Allez de l’avant et vagabondez. Il n’y a jamais de moment idéal, alors autant partir tout de suite.

Arabie saoudite
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2 Comments

  • Reply Gilles Prochasson 27 juillet 2024 at 20 h 33 min

    Merci,
    C’est toujours intéressant de découvrir des personnes hors normes et félicitations à Alex !
    Dans le chapeau de ton article, je te suggère d’ajouter Mélusine Mallender 😉

    • Reply JJ ANEYOTA alias Jef le Saltimbanque 27 juillet 2024 at 21 h 23 min

      Merci. Oui elle est exceptionnelle. Mais non, Mélusine et elle ne sont pas tout à fait dans le même genre. A priori, Mélusine réalise des road trip. Axel partage totalement la vie des populations rencontrées sur plusieurs mois (même si elle fait également des road trip). Elle est plus proche d’une Ella Maillard, ou d’un Issa Omidvar, d’un jean Malaurie, bref de ce genre de personne qui ont étudié la vie des populations rencontrées même si elle n’a pas de prétention scientifique ni littéraire (hélas sur ce dernier point, mais j’espère bien qu’un jour elle se sente prête à ce type d’exercice)

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