Népal, Voyage 2018/2019

Une histoire de douane à Katmandou

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Tout a commencé par quelques ratés du moteur sur la route après avoir quitté Dharamsala, la capitale en exil du Dalaï-Lama. J’y suis resté une dizaine de jours, tente plantée dans la forêt au milieu des singes omniprésents et à deux pas d’un temple Vipassana. En gagnant de l’altitude, les ratés deviennent pertes totales de puissance. Il est assez effrayant de se retrouver sans gaz, en pleine montée d’une route étroite et défoncée, au bord d’un précipice et avec un véhicule arrivant en sens inverse. C’est une expérience que je ne souhaite à personne. Surtout avec une moto chargée. Je pense au départ à un problème de câble d’allumage et je les change donc par des neufs. Las ! Cela ne résout rien. Sur les conseils d’un Indien, propriétaire d’un magnifique Cottage à flanc de montagne chez qui je passe deux jours, je me rends dans un garage situé à une soixantaine de kilomètres de là. Le propriétaire est Vijey Parmar, une légende, le Thierry Sabine Indien : il organise depuis des années le Paris/Dakar local : le Raid de l’Himalaya. Très vite le verdict tombe : perte importante de compression sur le cylindre gauche. Du sable est passé dans le moteur. En plaine, cela ne se sent pas trop, mais dès que je prends de l’altitude le moteur perd de la puissance, jusqu’à caler complètement au-dessus des 3000 m. Le problème est qu’il me faut des pièces détachées pour réparer… et le plus simple est de les faire venir de France. Je décide donc de continuer et de réparer à Katmandou au Népal où, selon les informations dont je dispose, je pourrai trouver un bon motociste. 

Je passe par la frontière ouest du Népal non sans avoir auparavant, traversé une réserve naturelle pleine de Tigres avec Utopia. Cela a toujours un côté angoissant de rouler à moto avec ces gros chats à proximité. Mais en fait de tigres, je ne croise que quelques éléphants qui traversent la piste devant moi. La frontière népalaise est bon enfant. Je dois enjamber une vache paresseusement couchée juste devant le guichet après avoir failli entrer dans le pays sans prendre de visa. La chaleur commence à devenir suffocante d’autant plus que dans les bâtiments, nul ventilateur ne vient rafraichir l’atmosphère : la dernière tempête, prémices de la saison des pluies toute proche, a coupé les lignes électriques. Je tombe amoureux du Népal dès les premiers tours de roue. L’Ouest est encore très peu touristique et la vie rurale traditionnelle y est restée intacte. Je décide de faire une halte de quelques jours près de la réserve naturelle de Bardia. C’est de là que j’organise l’achat et l’envoie des pièces nécessaires. Un premier voisin s’occupe de la commande, un second du paiement et un troisième ami de récupérer et d’envoyer les pièces à la grande confusion du concessionnaire. Le tout prend 10 jours, que je passe à me baigner dans la rivière toute proche. C’est le seul endroit frais. Lors d’une randonnée dans la réserve naturelle, accablé par la chaleur, je ne peux résister à une baignade non loin des tigres et des rhinocéros. (voir le Road Trip Magazine 56, actuellement en kiosque). J’évite de rouler, de peur de ne détériorer encore plus le moteur et je ne gagne Katmandou que lorsque je sais mes pièces sur le point d’arriver. C’est donc non sans une certaine impatience que je me rends au centre de dédouanement afin de récupérer le précieux paquet. 

En voici le récit.


Bon… j’ai mes pièces…ce fut épique. Christophe a juste fait une petite erreur lors de l’envoi : mettre le vrai prix des pièces sur le paquet, avec la facture originale collée sur le paquet. (Ce qui est obligatoire… mais il convient de mettre le minimum ou encore mieux mettre : cadeaux ! Boudiouuu !!). Résultat, et tous ceux à qui j’ai posé la question sont unanimes, il va me falloir payer les taxes et frais de douanes. Ce matin, en allant chercher mon paquet à la douane, je m’attends donc au pire et psychologiquement je suis en mode warrior : se battre jusqu’au bout ou mourir (bon j’exagère un petit peu …).
Après une bonne heure à affronter bouchons (trafic dense), glissades dans la boue (pas mal d’avenues sont encore en terre donc avec la saison des pluies qui arrive, on commence à avoir quelques bourbiers), et poussière (tout n’est pas encore détrempé), j’arrive sur le lieu de la bataille. Je me présente à l’accueil (une ancienne cage d’ascenseur désaffectée). La femme me dit d’aller dans les bureaux qui se situent derrière. J’emprunte donc un couloir plutôt sombre, d’où se dégage une forte odeur d’urine… ambiance… lequel débouche sur une immense salle pleine de monde et de paquets : la douane du fret aérien de Katmandou. Un peu perdu, je présente ma liasse de papier au premier guichet venu. Le préposé me fait signe d’aller vers un autre guichet. Je m’y rends, un homme prend mes documents et y appose sa signature, puis me dit de retourner d’où je viens. « Oh ! Oh ! » Me dis-je. « Serait-ce aussi simple ? » Je n’ose y croire (et j’ai raison). Je retourne donc devant la rangée de guichets du hall principal et y montre mes papiers (avec la signature !!!) à une préposée. Elle me dit quelque chose que je ne comprends pas. En désespoir de cause, elle sort de son guichet et me dit de la suivre… jusqu’à l’accueil (vous savez la cage d’ascenseur). L’hôtesse s’éclipse à notre arrivée. La préposée (celle qui m’a amené ici, il faut suivre …) pose les papiers sur le bureau et s’en va en me disant d’attendre…
30 min après, j’attends toujours. Un peu impatient, je reprends donc ma précieuse liasse…et retourne dans ce fichu hall comme une âme errante. Un homme (j’ignore jusqu’à sa fonction) me voyant un peu perdu prend d’autorité mes documents et les consulte. Il me dit qu’il y aura 40 % de taxes plus frais de douane (soit une grosse centaine d’euros au total). Je proteste : je ne suis que de passage, et ce sont des pièces pour ma moto. J’en ai plein dans mes caisses, et je n’ai rien payé en entrant. Il me dit que oui, mais le règlement au Népal, c’est que ce qui arrive par avion est soumis aux taxes… Discussion de quelques minutes au terme de laquelle il me ramène devant le bureau de celui qui avait apposé sa précieuse signature au début de cette histoire (dont je ne sais toujours pas à quoi elle sert…) et me dit d’attendre… (le bureau est vide…)
J’attends donc … Les minutes succèdent aux secondes et vice-versa mais le bureau reste désespérément vide. Cela doit bien faire une heure que je suis ici, et les choses n’ont pas avancé d’un iota… J’erre donc dans la zone, mes papiers à la main cherchant désespérément de l’aide. Un homme finit par me répondre et prend les papiers afin de les consulter…puis me dit de le suivre. Nous rentrons dans la zone douanière à proprement parler (jusqu’à présent, j’étais cantonné aux guichets, GROS PROGRES. Autour de moi, des douaniers, cutteur à la main, éventrent joyeusement les colis afin de les contrôler. Belle pagaille. Je suis donc mon « facilitateur » (ces gens qui se proposent de vous aider à passer les douanes dans pas mal d’endroits de par le monde contre rétributions bien sûr. Bien souvent, ils ne sont que d’inutiles pique-assiette, mais là, je sens que je ne vais pas avoir le choix.) Nous entrons dans un bureau. Je ne tarde pas à comprendre que mon facilitateur est en fait un des employés chargés de la saisie sur ordinateur des documents de dédouanement. Il calcule le montant des taxes et frais de douane : 15 000 roupies (environ 120 euros). Je proteste énergiquement. Pourquoi devrais-je payer ? Je ne suis pas résident, et ce sont des pièces pour ma moto qui va sortir du territoire d’ici peu. Il me répond qu’il comprend et ajoute : je peux me débrouiller pour diminuer les taxes. Combien êtes-vous prêt à payer ? Je réfléchis rapidement et dis : 4000 roupies (32 euros environ). Il fait la grimace (bon signe, cela veut dire que je suis trop bas…). Après une hésitation, il me propose 5000 (40 euros). J’accepte. Il commence donc de saisir le dossier. La valeur de mes pièces est ramenée à 24 euros (au lieu de 240 …). A l’aide d’un scanner et d’une photocopie, les documents en provenance de France subissent la même petite modification. Il m’explique : 
« Si un officier des douanes vous demande la valeur, il faut dire 24 euros. » J’acquiesce. Un de ces collègues arrive. C’est lui qui est chargé de sortir le paquet du stock. Au passage, il me dit qu’il va récupérer la facture originale collée sur le paquet mais inquiet il me demande : « y a-t-il une autre facture dans le paquet ? »
Je l’ignore, il faudra donc qu’il vérifie. 
½ Heure après, je suis dans le hall principal. A côté de moi, le précieux paquet. Cette fois, il faut attendre l’inspecteur pour le dédouanement (il est parti manger). 
Je m’assieds donc pour attendre et observe les petites combines autour de moi. Ici tel inspecteur tombe en arrêt devant une jolie casquette lors de l’ouverture d’un des paquets… laquelle n’y retournera pas. Un peu plus loin, c’est un T-shirt qui subit le même sort : il finit dans le sac à dos du douanier. Tout cela dans une joyeuse pagaille généralisée. Après une bonne demi-heure, celui qui est chargé de contrôler le mien arrive enfin. RAS. Il consulte les papiers et semble un peu étonné du montant (24 euros…) mais tout est en règle et finit par signer les documents. Il ne reste plus qu’à s’acquitter des droits de douane (dans les 12 euros). Discrètement, je donne la somme convenue à mon facilitateur qui va régler le montant dû. En revenant, il me tend mon paquet et le reçu. Petit selfie, poignée de main et près de 5 heures après être arrivé, je peux enfin ressortir. Au final : 12 euros de frais de douane, et 14 euros à chacun de mes deux complices… mission accomplie. Au passage jolie petite attention de ma voisine (Karine Bredeka) … 

🙂 bon on Richard c est pas du pâté henaff (ni du pâté de lembeye dont j ai des stocks dans mon garage) mais elle est excusable : elle ne connait pas les us et coutumes des humanitaires et autres baroudeurs 

😉 ). Merci Karine.

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